sexta-feira, 18 de abril de 2003

En une décennie, les croyances ont reculé en France
LE MONDE | 16.04.03 |

Existence de Dieu, fréquence de la prière, importance de la foi : les Français sont de plus en plus sceptiques, selon un sondage CSA pour "Le Monde" et "La Vie" qui reprend les mêmes questions qu'en 1994.
Sondage : les Français et leurs croyances (108 pages, PDF, 765 Ko)
Des croyances en baisse, un catholicisme qui se maintient, des religiosités parallèles qui s'effondrent.
Telles sont les grandes tendances qui se dégagent d'un son- dage CSA réalisé pour Le Monde et l'hebdomadaire La Vie, et qui reprend les questions posées lors d'une précédente enquête, réalisée en 1994.

Le sondage offre d'abord un aperçu du paysage religieux français en 2003. Sans surprise, les catholiques représentent l'écrasante majorité : 62 % des Français se déclarent de confession catholique, contre 67 % en 1994. Certains interpréteront cette légère baisse comme le signe d'un inexorable déclin ; d'autres y liront la marque d'une résistance d'un catholicisme culturel. Le poids des autres religions n'évolue guère, à l'exception de l'islam : les personnes se déclarant de religion musulmane passent de 2 % à 6 %. Les enquêteurs de l'Institut CSA constatent que, dans les sondages d'opinion, la population qui se déclare musulmane représente désormais un "sous-échantillon significatif", c'est-à-dire supérieur à 50 sur un total d'un millier de personnes sondée. Contrairement à certaines idées qui ont cours depuis une dizaine d'années sur l'attrait des spiri- tualités orientales, le nombre de personnes se réclamant du bouddhisme reste inférieur à 1 %.
La pratique religieuse s'érode, mais faiblement : 12 % des personnes interrogées disent aller à la messe ou à un office religieux une ou plusieurs fois par semaine, contre 14 % en 1994. 10 % affirment n'y aller jamais, contre 7 % en 1994. Le nombre des personnes qui disent y aller "de temps en temps aux grandes fêtes" augmente très légèrement, passant de 23 % à 24 %. Les musulmans semblent plus pratiquants que les catholiques : 27 % d'entre eux affirment assister à l'office religieux au moins une fois par semaine, contre 11 % chez les catholiques.
(...)
De manière significative, 32 % des personnes interrogées se disent en accord avec la proposition "Maintenant, je recommence à croire", un chiffre qui n'était que de 13 % en 1994. Faut-il y voir un signe du fameux "retour du religieux", qui profiterait aux religions traditionnelles ? Selon Régis Debray, interrogé par La Vie à paraître jeudi 17 avril, "on passe d'un affichage des croyances à un affichage d'appartenance. La religion devient une carte d'identité."

Le fait le plus marquant de cette enquête concerne en effet l'effondrement des croyances parallèles. L'astrologie ne fait plus recette : 37 % y apportent crédit, contre 60 % en 1994. C'est encore pire pour les voyantes (23 % y croient, contre 46 % lors de la précédente enquête), pour la communication avec les morts (22 % contre 37 %) et pour la sorcellerie (21 % contre 41 %).

Le christianisme n'apparaît pas comme une religion dépassée. Il est placé en tête des religions pour lesquelles les Français éprouvent "un intérêt spirituel" : 55 % des personnes interrogées s'y intéressent. Vient ensuite l'islam (22 %), qui devance le bouddhisme (21 %) et le judaïsme (16 %).

Xavier Ternisien

Leituras:

"Malgré tout, cette comparaison livre plusieurs surprises de taille.
La plus grande est le très net recul des croyances parallèles : de 60 % à 37 % pour "l'explication des caractères par les signes astrologiques", de 46 % à 23 % pour "les prédictions des voyantes", de 41 % à 21 % pour "les envoûtements, la sorcellerie".
Ce recul est encore plus prononcé chez les jeunes, alors que c'étaient eux qui se montraient les plus sensibles à ces croyances dans la précédente enquête. (...)
L'autre surprise de ce sondage, qui vient confirmer cette hypothèse, c'est que le nombre de personnes qui se définissent comme "rationalistes" bondit de 22 % à 52 %. Il faut comprendre ici "rationaliste" en son sens le plus large, et non en référence à une famille de pensée. Là encore, les jeunes en rajoutent (67 % de "rationalistes" contre 22 %). (...)
Le retour partiel de la génération du baby-boom à la religion se confirme. C'est désormais la tranche d'âge des 35-49 ans qui compte les taux les plus bas d'adhésion religieuse. On retrouve ainsi la courbe en U des années 1950-1960, avec un étiage religieux aux âges de la pleine acti-vité professionnelle et familiale, une période "préoccupé à autre chose", disaient Fernand Boulard, Jean Rémy et Jean Stoetzel.
Yves Lambert, sociologue des religions

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